Avec 5 800 espèces dans le monde, les Salticidae représentent une des plus importantes familles d'araignées. En France, on en compte 150 que l'on trouve dans des habitats très variés, aussi bien humides que secs. Leur taille va de 2 mm pour les plus petites à 12 mm environ pour les plus imposantes. L'aspect général est plutôt ramassé avec les pattes tenues contre le corps.
Le saut : pour leur permettre de faire de grands bonds, la nature a doté certains animaux de grandes pattes comme c'est le cas chez les sauterelles, grillons et grenouilles. Chez les salticides, il n'en est rien, non seulement elles n'ont pas de très grandes pattes mais ce serait, dans la famille des araignées, celles qui auraient proportionnellement les plus courtes. Cela ne les empêche pourtant pas de faire des sauts de l'ordre de 20 fois leur taille. Si les lycoses sont capables de courir et bondir en même temps, chez nos salticides, le saut s’effectue toujours à l’arrêt. Suivant la taille du saut à réaliser, ce sera une, deux, voire 3 paires de pattes postérieures qui seront mises à contribution.
Cette aptitude au saut leur permet de bondir sur une proie afin de la saisir mais aussi de s'échapper lorsqu'un prédateur apparaît.
La vue : pour repérer les proies et les prédateurs, il faut être doté d'une bonne vue. Nous sommes ici en présence du groupe d'arthropodes possédant la meilleure acuité visuelle.
Comme la majorité des araignées, les salticides sont pourvues de 4 paires d'yeux et, ici, disposées de façon à obtenir une vision sur 360°. Pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, la paire antérieure est démesurée. Cette paire les dote d’une vue d’une extrême finesse. Ainsi elles sont capables non seulement de déceler un mouvement dans leur dos mais aussi d'évaluer la taille et la distance d'une proie potentielle de façon précise.
La chasse : les techniques de chasse sont, suivant les espèces et l'identité de la proie, évoluées et variées. Le plus souvent, la proie est repérée, soit depuis un poste fixe (l'affût), soit au cours de leurs pérégrinations (l'approche) et parfois les 2 techniques peuvent être combinées.
Pour compléter le tableau, nos salticides sont pourvue d’une mobilité incroyable, je les ai vues avoir fait demi-tour tour sans avoir perçu un quelconque mouvement.
Le fil : dans cette famille, étant donné les techniques de chasse utilisées, le fil de soie n’a pas un rôle déterminant. Il ne sera utilisé que comme corde de rappel dans le cas où le saut aurait été mal calculé mais aussi comme maintien si jamais la proie part en emmenant son assaillant. On s'est aperçu aussi que le fil permet de garder l'équilibre pendant le saut. Autre fonction, le fil servira aussi à confectionner un abri qui leur permettra de passer la nuit et à construire une loge dans laquelle la femelle pondra ses œufs.
La période d'activité : les Salticidae sont héliophiles et même thermophiles. A l'instar des papillons et des libellules, l'activité ne débutera que si la température est suffisante et c'est souvent quand elles prennent un bain de soleil pour recharger les batteries qu'il sera le plus aisé de les voir. Une fois les batteries chargées, quand le soleil darde tous ses rayons, elles auront tendance à chasser davantage dans la végétation ou à se réfugier sous les pierres.
Le dimorphisme sexuel : il est parfois assez difficile de s'imaginer que 2 individus font partie de la même espèce tant les différences entre mâles et femelles sont grandes. Le dimorphisme se situe au niveau de la taille, le mâle étant toujours nettement plus petit, mais aussi de la couleur avec des teintes plutôt neutres chez les femelles. A l'instar des canards, il se pourrait que cet habitus serve à passer inaperçu. On voit cela chez Philaeus chrysops, le mâle arbore un look au noir de suie associé à un rouge écarlate, la femelle est, quant à elle, d'une couleur générale plutôt muscade.
Et pour contredire cette hypothèse, en Grèce, les femelles ressemblent plus aux mâles…
Le paroxysme du dimorphisme de couleur se situe chez les Maratus australiennes qui arborent des couleurs incroyables.
La parade : elles ont beau avoir une bonne vue, les femelles d'araignées sauteuses ont le ventre plus gros que les yeux, c'est peu dire. Tout ce qui bouge autour d'elles, ayant une taille acceptable, sera considéré comme plat du jour. Au mâle de faire comprendre, à la femelle, qu'il est ici, non comme sushi, mais bien pour un tout autre bonheur, la reproduction. Il se servira de ses pattes antérieures comme drapeaux - il est à noter que chez quelques espèces la patte antérieure est terminée par un pompon - et il n'aura de cesse de tourner autour de la femelle pour enfin s'approcher quand il lui semblera qu'elle est prête à accepter ses avances. La copulation peut alors avoir lieu, le mâle devra introduire un de ses pédipalpes, qu'il aura préalablement rempli de sperme, dans une des génitalias de la femelle situées sous l'abdomen. Chez toutes les araignées, les Salticides ne font pas exception, le pédipalpe fait office d'organe sexuel propre à chaque espèce. Il est comparé à une clef, différente d'une espèce à une autre. Dans la même logique, les génitalias des femelles sont assimilées à une serrure. Cette particularité aura comme conséquence de ne permettre d'hybridation entre deux espèces différentes.
Les myrmécomorphes : nombre d'insectes essaient de ressembler aux fourmis, le but étant de décourager d'éventuels prédateurs, ces dernières ayant mauvaise réputation. Chez les salticides européennes, 3 genres ont adopté cette attitude, les Synageles, Leptorchestes et Myrmarachne.
Pour donner l'impression de posséder, comme tous les insectes, trois parties distinctes (encépahale, thorax et abdomen), les myrmécomorphes ont l'abdomen qui possède une partie cintrée. Cela ne s'arrête pas là car l'attitude est mimée sur celle des fourmis. Les pattes antérieures (pattes II chez Synageles) sont levées donnant ainsi l'impression que notre individu possède des antennes. Le rythme d'activité est aussi calqué sur celui des fourmis.
